Les 2 112 Français morts aux États-Unis de 1777 à 1783 en combattant pour l’indépendance américaine
par Warrington DAWSON
C'est au cours des recherches historiques que j'ai entreprises dès 1928 pour faciliter la reconstruction de Williamsburg, ancienne capitale de la Virginie, que l'idée m'est venue d'établir dans la mesure du possible le Tableau d'Honneur des Français morts aux États-Unis et dans les eaux territoriales de l'Amérique du Nord, de 1777 à 1783, en combattant pour l'Indépendance américaine.
À cette époque, en 1929/1930, seule la tablette commémorative de Yorktown, portant à peine une soixantaine de noms, et de rares pierres tombales dans telle ou telle localité, venaient rappeler les Français tant officiers que soldats qui avaient fait le sacrifice de leur vie sur le sol même des États-Unis.
Une lecture attentive de l'important ouvrage documentaire, Les Combattants français de la guerre américaine, puis de quelques études historiques plus précises que les nombreux Mémoires de contemporains, permettait bien au chercheur courageux d'établir une liste à la suite d'un très pénible et laborieux travail de coordination. Mais aucune initiative sérieuse n'avait jamais été prise, que je sache, dans le sens que j'ai indiqué. Et si au hasard d'une conversation, la question se trouvait soulevée, la réponse venait aussitôt :
« Il a dû mourir bien une ou deux centaines de Français, et peut-être même davantage, au cours de la campagne aux États-Unis ».
Or, j'ai pu réunir les preuves qu'il en est mort plus de deux mille aux États-Unis seuls, sans compter les nombreux morts aux Antilles, en Amérique centrale, à Puerto Cabello, ou même « en mer » mais au delà des limites territoriales de l'Amérique du Nord.
Évidemment, ce ne fut que petit à petit que je pus assembler la formidable masse des documents que constituent actuellement mes archives de la guerre américaine.
La découverte d'un certain nombre de squelettes de soldats dans un champ près de Williamsburg, en 1929, m'inspira le premier l'idée qu'il avait dû mourir un nombre considérable de soldats français, dans cette ville même, en plus des morts de Yorktown.
En effet, d'importants hôpitaux français avaient été établis à Williamsburg, aussitôt après l'ouverture de la campagne, et les armées y avaient prolongé leur séjour pendant plus de huit mois après la victoire. Il m'a semblé inadmissible qu'il n'y eût pas de morts dans la ville ni que tous ces morts eussent été transférés au cimetière de Yorktown.
Il subsistait donc là une énigme historique qui devait pouvoir être tirée au clair si les documents nécessaires existaient encore en France. Sans hésiter, je m'attelai à la tâche de les rechercher.
J'ai mentionné l'importance qu'eurent dans mes recherches la découverte d'ossements à Williamsburg. En toute sincérité, je dois reconnaître que l'examen scientifique de ces dépouilles, fait ultérieurement, n'a pas démontré qu'il s'agissait là de soldats français. Au contraire, les crânes ont, paraît-il, une conformation nettement anglo-saxonne. Si ce n'était point là des Anglais, tout au plus pourrait-il s'agir de soldats américains ayant combattu sous le général de La FAYETTE -car l'on oublie trop souvent qu'à Yorktown La FAYETTE commandait l'armée américaine et ROCHAMBEAU l'armée française, les deux sous le haut commandement du général George WASHINGTON qui fut le premier généralissime interallié franco-américain.
Il n'y a donc pas, à l'heure qu'il est, de cimetière français à Williamsburg.
Liste des régiments
L’Esprit de 1776 par Archibald MacNeal WILLARD
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