Le travail effectué par l'auteur est une statistique aussi fidèle et aussi complète que possible des résultats du service médico-chirurgical de l'armée française pendant la campagne d'Orient.
Rentré en France à la fin de février 1856, il s'est mis à l'œuvre dès les premiers jours du mois de mars de la même année, et, pendant trois ans, il n'a cessé de rassembler les éléments multiples de cette statistique, de les coordonner et de les contrôler avec le plus grand soin.
Il avait terminé ses recherches au mois d'avril 1859 ; il avait même déposé au secrétariat du Conseil de santé les seize volumes in-folio qui contiennent les observations individuelles, classées par ordre alphabétique, pour chaque série de lésions, et les tableaux statistiques établis d'après ces observations, lorsque des considérations de convenance, que vous apprécierez sans doute, l'ont engagé à suspendre l'envoi officiel du complément indispensable de son travail, et, par conséquent, sa publication.
Il a cru devoir résister non-seulement au bienveillant empressement de beaucoup de ses collègues, auxquels il a néanmoins communiqué les résultats de quelques opérations dont ils avaient à parler, mais il s'est même exposé, toujours pour le même motif, aux reproches encourageants que plusieurs membres du Conseil de santé ont bien voulu lui adresser au sujet de son apparente négligence.
Une circonstance imprévue le fit encore temporiser : notre armée partait pour l'Italie, et il demanda à faire cette campagne, dans l'espoir de réunir les matériaux d'une nouvelle statistique et de donner, par la comparaison, plus d'intérêt à celle qu'il venait de terminer.
La guerre d'Italie, dont chaque jour est marqué par un succès, fut aussi courte que glorieuse pour nos armes, et la paix de Villafranca fut signée au moment où il attendait un ordre de départ. L'honneur de prendre part à cette campagne échappant à ses espérances, il a cependant rassemblé, sur le service de santé de l'armée d'Italie, de nombreux renseignements, qu'il devait compléter à l'aide des cahiers de visite des ambulances et des hôpitaux ; mais des difficultés imprévues se présentèrent.
Le nombre considérable de petits établissements hospitaliers italiens (plus de 200), sans parler des maisons particulières qui furent ouvertes à nos blessés et à nos malades, peut donner l'idée de ces difficultés ; et il n'aurait obtenu que des résultats fort incomplets, si M. le baron LARREY, inspecteur du service de santé et médecin en chef de l'armée d'Italie, en me communiquant toutes ses notes et tous les rapports qui lui ont été adressés pendant la campagne, ne lui avait mis à même de compléter ce travail.
Les expéditions de Chine, de Cochinchine, de Syrie, et celle du Mexique, lui offrirent une nouvelle occasion de recherches dont l'intérêt se trouve augmenté par la différence des situations, des climats et des diverses influences qui agissent sur la santé de l'armée.
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